JEAN WOLF, 81 printemps, ancien du RCQ se souvient
Jean Wolf, 81 printemps, ancien du RCQ se souvient,
Comme tout pionnier, Jean Wolf est modeste. Si aujourd’hui, il est impressionné du devenir de son club, un stade flambant neuf, des filles et des garçons qui échangent des ballons, il confie bien volontiers des petites anecdotes.
Son vécu traduit une époque pas si lointaine où l’histoire se mêle étroitement aux destins des hommes. « Avoir 20 ans dans les Aurès », c’est un peu ce qu’il lui est arrivé, alors, le rugby c’est à l’armée qu’il l’a découvert : » C’est à Cherchel, en Algérie que j’ai joué au rugby, dès mes débuts dans l’équipe de mon régiment, nous nous sommes retrouvés en quart de finale du championnat de France ! j’étais 2e ligne, quel commencement ! » raconte-t-il, les yeux brillants. C’est en 1964 après mon service militaire que j’ai joué au RCQ. Je me souviens de Jean Lapeyre, un ancien de mon régiment qui était venu me chercher déjà avant, quand j’étais en permission ; le terrain et le club, c’etaient des grands mots, nous nous retrouvions sur la plaine de Coat Ligavan, il y avait juste un bistrot, rien autour, pas de cabine pour se déshabiller et se mettre en tenue, ni de douche, juste le robinet des toilettes du café que la tenancière avait la gentillesse de nous prêter. Un vrai folklore, nous étions plusieurs grands gaillards, pas mal d’anciens de l’armée, ca faisait du bien de s’évader du quotidien » poursuit-il, « Un de nos premiers matchs de saison, c’était du côté de Briec, il avait été assorti d’une tombola, et nous avions gagné le gros lot ! Un bouc ! Fallait voir, dans le camion, nous avions arrosé d’eau cologne la pauvre bête, c’était encore plus insupportable, mais quelle tranche de rigolade ; c’était ça notre rugby, des moments forts, de la joie et des fous rires ; quand Claude Devret, il est toujours en vie et réside à Prades, nous emmenait aux rencontres, il passait son temps à nous parler, et regardait rarement la route ! Que d’embardées et combien de coup de volant pour se remettre en chemin » sourit-il.
« C’était ça notre rugby, des moments forts, de la joie et des fous rires ! »
« Les débuts étaient rudes, nous n’étions pas toujours quinze. Théoriquement nous avions un entraînement par semaine. Nos concurrents étaient Lorient, Lanester. Le jeu était sans doute plus brutal qu’aujourd’hui, plus physique aussi. il y avait des gens de tout milieu. Je me souviens de Pierre Olâtre, il était professeur, d’autres étaient patrons ; nous étions surtout un groupe d’amis et la solidarité jouait à plein. Mon équipier, Gibus est monté en 1ère divisiono, parti à Grenoble, c’est le seul de Quimper (de mon époque) qui est sorti du rang, et a atteint le haut niveau ! »convient-il. « En tous cas, je n’ai jamais été blessé, et j’étais passionné, comme la fois contre Grandchamp, où il manquait un quinzième. Malgré une épaule démise, le président m’a demander de les rejoindre. Je me souviens mencore de son « t’inquiètes pas, le collègue va te mettre de la pommade » et c’est vrai, le collègue m’avait remis l’épaule en place. J’ai joué 2e ligne fièrement. J’aimais bien aussi m’occuper de l’équipe de réserve. D’abord, les gars m’écoutaient un peu, surtout en tactique » conclut-il.
Il a arrêté de jouer en compétition vers 45 ans, et venait au club en famille où ses deux fils jouaient aussi. Maintenant, il vient de temps en temps, « pour le plaisir » en tribune voir s’il y a du beau jeu.
Jean sera mis à l’honneur par le Rugby Club Quimpérois, le dimanche 31 mars 2019 car il lui reviendra de fouler une fois encore la pelouse d’un terrain de rugby pour donner le coup d’envoi du dernier match de la saison à domicile contre le RC Grandchamp.
Propos recueillis par Christine Hentic.